Comment mettre en place des dispositifs hors temps de classe qui favorisent l’intelligence collective et le développement des compétences du  21e siècle ? Quel rôle peut jouer le professeur documentaliste dans ces projets et en quoi ces initiatives enrichissent-elles nos pratiques ?

Dans le cadre des TraAM documentation, nous avons exploré ces questions en réalisant plusieurs projets dans le cadre de la Vie scolaire.

Par vie scolaire, nous entendons tous les moments au cours desquels les élèves sont présents dans l’établissement mais n’assistent pas à un cours. Cette notion protéiforme renvoie aux espaces accessibles hors temps en classe – les espaces de circulation, le foyer et le CDI, par exemple – mais également à se qui s’y passe.  La vie scolaire implique l’ensemble de la communauté éducative. Le professeur documentaliste en est un des acteurs privilégiés.

Les projets présentés ici visent à améliorer le climat scolaire à travers une dynamique collective. Ils reposent sur une réflexion d’équipe et démarche collaborative avec des groupes d’élèves volontaires.

Le climat scolaire fait référence à la « qualité du contexte d’apprentissages et de vie, et à la construction du bien vivre, du bien-être pour les élèves et pour les personnels dans l’établissement. ». Les axes d’amélioration recouvrent différents domaines d’action : par exemple, la mise en place de stratégies collectives, le développement de compétences psychosociales ou l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être dans l’établissement, grâce notamment à la création d’espaces de paroles ou à la rénovation des espaces scolaires.

L’infographie ci-dessous présente les différents contextes de réalisation des projets en présentant les scénarios et les cadres dans lesquels peuvent s’inscrire ces projets. Cette infographie revient aussi sur les freins qui peuvent être rencontrés. Nous avons aussi souhaité qu’elle s’ouvre sur certaines méthodes et outils employés.

 

Les outils numériques ont été des facilitateurs pour l’organisation et le travail en groupe.

Sur le long terme, le projet de dynamiser le fonctionnement du CVC s’est réalisé notamment du fait de l’utilisation régulière de l’ENT. En créant un espace commun d’expression pour des élèves de classes différentes et en publiant pour cet espace un compte-rendu de chaque réunions, l’instance a gagné en efficacité. Cette réussite s’appuie sur l’appropriation de quelques élèves qui a entraîné l’utilisation plus collective de l’ENT, aussi semble-t-il utile, dès le début du projet, d’identifier des élèves qui seront moteurs dans les usages.

Dans les projets de transformation des espaces, les outils numériques ont permis d’impliquer la communauté scolaire en l’interrogeant sur ses représentations, ses besoins et idées, de communiquer dans le groupe et en direction de la communauté scolaire, de réfléchir ensemble et de garder une trace de cette réflexion en vue d’une restitution des propositions.

Les outils numériques ont finalement été utilisés pour faire du  lien. Ils ont permis de prolonger la réflexion, de la pérenniser, de l’ouvrir à d’autres interlocuteurs. Ils ont facilité l’organisation des réunions, la mise à disposition de ressources et productions liées aux projets. Toutefois ils ne peuvent se substituer au cœur de nos projets, des temps présentiels de réflexion collective, de confrontation des idées et de production commune.

Quelle place du professeur documentaliste dans des projets dans le cadre de la vie scolaire ?

Les projets menés sont toujours en cours. Il est difficile d’en faire un bilan complet. Néanmoins ils ont un intérêt pour le professeur documentaliste ;

  • En inscrivant le CDI comme un lieu complémentaire des autres espaces de vie scolaire et favorisant une réflexion systémique sur la fonction de ces différents lieux et l’accès des élèves à ceux-ci.
  • En favorisant le travail en équipe avec l’équipe éducative.
  • En positionnant, dans l’équipe éducative , le professeur documentaliste comme un enseignant qui contribue au développement de compétences psychosociales transversales (collaboration, communication, créativité, esprit critique, engagement) mais également info-documentaires (veille informationnelle, sélection d’informations et communication orale, écrite ou visuelle de celles-ci) et numériques (maîtrise d’outils collaboratifs ou de communication).
  • En permettant l’évolution de nos pratiques pédagogiques avec des références plus fréquentes au développement de compétences du 21e siècle. Le temps hors la classe est identifié comme un temps de développement de compétences transversales dans lequel le professeur réinterroge sa posture dans le cadre de différents dispositifs d’apprentissages, formels (atelier, CVC, club…) mais aussi informels dans un espace capacitant.

Un environnement capacitant serait alors un environnement favorable au pouvoir d’agir des individus (Fernagu Oudet, 2012). Il s’agit de  penser l’environnement en terme de ressources utiles, de possibilités données mais également de réfléchir aux moyens offerts aux individus  afin qu’ils mobilisent leurs capacités pour exploiter cet environnement.  Falzon ( “Pour une ergonomie constructive : les conditions d’un travail capacitant”, Laboreal. 2009) emploie l’expression « pouvoir d’agir ». Plutôt que la  compétence visée, nous sommes du côté du désir, de l’envie, ce qui peut  traduire dans le champ des sciences de l’éducation par la motivation  mais également de la possibilité de se mettre en acte. Un environnement  capacitant doit susciter l’envie d’apprendre, donner la possibilité  d’exercer ses compétences et d’en acquérir de nouvelles. » (Remixonsdoc, 2017)

Pour aller plus loin

 

Un article rédigé par Cécile Diet, Claire Herrmann et Margaret Tisserand

Hors la classe, l’intelligence collective pour améliorer le climat scolaire
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