Les professeur.es documentalistes du réseau du Haut-Doubs se sont rendus à Lausanne le 30 novembre 2023 dans le cadre de leur réunion de réseau. Au programme, deux lieux de découverte bien connus : le Rolex Learning Center de l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) et l’ISJM (Institut Suisse Jeunesse et Média) qui accueille en son sein Ricochet. Ces deux visites professionnelles avaient des objectifs différents : nous voulions observer les usages et l’organisation d’un learning center et nous voulions également échanger autour de la lecture, de la littérature jeunesse et des actions de médiation.
Pour débuter, une petite définition en guise de rappel : selon l’ENSSIB, un Learning centre permet de concevoir la bibliothèque comme un lieu d’apprentissage, de connaissances et de vie et plus seulement comme un lieu de ressources. Au Learning center de l’EPFL, nous avons été accueillis sur le campus par Florian Gillard, assistant administratif EPFL bibliothèque, et Gaël Revelin, spécialiste en information documentaire, information scientifique et bibliothèques-gestion. Nous les remercions pour le temps qu’ils nous ont consacré et pour les échanges très riches lors de la visite.
Le campus de l’EPFL compte 12 000 étudiants, dans des domaines scientifiques (mathématiques, sciences, informatique, architecture, génie civil, ingénierie médicale et technologique…). Ils sont en bachelor, master, doctorat et post-doctorat. Avec les chercheurs, ce sont eux qui fréquentent le Learning Center.
Avant 2010, onze bibliothèques de section coexistaient. Avec ce nouveau bâtiment, elles ont été regroupées et les équipes de bibliothécaires ont été fusionnées. Nous vous présentons sous forme d’infographie les principales caractéristiques du site.
Si on devait comparer le Learning center avec nos CDI, nous pouvons voir malgré tout quelques similitudes : comme nous, Florian Gillard et Gaël Revelin parlent d’observation des usages et de recensements des besoins afin d’adapter les lieux et les ressources mis à disposition. Ainsi toutes les tables de travail ont été équipées de prises, une étagère de recharge pour les portables est à disposition des étudiants à l’entrée des bibliothèques. Ils constatent aussi, malgré l’étendue du site et sa grande capacité d’accueil, que les étudiants demandent encore plus de postes de travail. Ils peuvent connaître le taux d’occupation des bibliothèques grâce à une application avant même de venir, cela leur permet d’estimer leur chance d’avoir une place. L’augmentation de la capacité d’accueil se heurte à une difficulté architecturale : les pentes vallonnées sont nécessaires pour atténuer le bruit mais ne permettent pas l’installation de nouvelles tables…
Florian Gillard et Gaël Revelin comparent également les intentions de départ et la réalité : le bâtiment a été pensé en un seul espace avec la volonté de favoriser les collaborations entre les services. Or, on constate aujourd’hui que ce n’est finalement pas l’architecture qui incite à collaborer mais plutôt des dossiers communs.
Cette visite et ces multiples échanges avec les professionnels suisses nous ont permis d’avoir un aperçu sur la réalité d’un learning centre avec toutes ses possibilités, les services rendus aux étudiantes, les similitudes avec nos questionnements en établissement du secondaire ainsi que les écarts qui existent avec nos CDI.
Une visite donc motivante et inspirante !
Découverte de Ricochet et de l’ISJM
Nous avons été accueillis par Damien Tornincasa, Mathilde Routy et Marie David. Le site Ricochet a été mis en ligne en 1998 par le Centre international d’études en littérature de jeunesse (CIELJ), à l’initiative de Janine Despinette, critique spécialisée et chercheuse en littérature jeunesse, et Henri Hudrisier, enseignant et chercheur. Ricochet a été géré par le CIELJ et basé à Charleville-Mézières (Ardennes, France) de sa création jusqu’en 2010. En 2012, le CIELJ a été dissous et a remis officiellement le site Ricochet à l’ISJM, qui gère le projet depuis 2010.
Damien Tornincasa et Mathilde Routy nous ont présenté les actions en faveur de la lecture de l’Institut Suisse Jeunesse et Médias, « pour que les enfants et les jeunes deviennent des lecteur·rice·s enthousiastes ».
Ricochet a plusieurs missions : il fait la promotion de la littérature jeunesse ; il organise des formation et des stages, des colloques ; il diffuse la recherche et des publications dans le domaine de la littérature et de la lecture pour la jeunesse ; il fait la promotion de la lecture avec notamment des projets de terrain ; il a un fonds documentaire conséquent, et possède notamment les archives Johanna Spyri, l’auteure de l’héroïne suisse Heidi.
En France, nous le connaissons surtout pour son site qui met à disposition une base de données chaque année 2 500 nouveaux livres référencés, 700 avis de lecture, 1 000 biographies d’auteurs, 50 présentations d’éditeurs. C’est un travail colossal pour une petite équipe très investie. Au total, Ricochet a référencé 72 300 livres, 26 250 avis de lecture, 20 400 biographies d’auteurs et 2 000 présentations d’éditeurs. Un moteur de recherche permet d’accéder aux informations voulues de manière fine.
Ricochet propose aussi des sélections thématiques sur les genres, la famille, des suggestions de lecture pour lecteurs en panne, la diversité culturelle…, à commander pour les derniers numéros ou à télécharger pour les titres épuisés.
Le site propose également des articles de fond et des entretiens de créateurs : vous pourrez ainsi lire En vers et pour tous: huit éditeurs de poésie «jeunesse», Les contes classiques de nos jours: quelques réappropriations contemporaines, Marie Pavlenko : «La littérature est le lieu où l’on entre en contact avec soi et avec l’Autre.», Ricochet lit à haute voix avec Jean-Claude Mourlevat, un écrivain qui manie aussi bien sa langue que la langue, Graine de reporter: correspondance intergénérationnelle ou encore Excursion guidée du côté de la littérature Young Adult et de la culture manga
Parce que « les livres, c’est bon pour les bébés » (dixit la psychiatre et psychanalyste Marie Bonnafé), Ricochet est convaincu qu’il faut mettre un livre dans les mains des enfants dès leur plus jeune âge et plutôt que d’espérer que les familles passent la porte des bibliothèques et des librairies, c’est par le biais des infirmières qui visitent les familles dans les premiers mois après la naissance que la rencontre avec le livre se fait. Chaque année, un coffret d’albums est offert à chaque nouveau-né dans le cadre du programme Né pour lire.
Pour qu’une langue maternelle étrangère et une autre culture soient considérées comme des richesses et non comme un handicap, Ricochet œuvre aussi à collecter des comptines dans les langues nationales suisses ainsi que dans les langues de la migration les plus répandues en Suisse. Elles permettent d’appréhender le plaisir de la langue et du rythme. Elles sont à la base d’une découverte saine du langage et, un peu plus tard, de la joie de lire et d’apprendre. Le site Rimes et comptines propose une banque de données de comptines dans de nombreuses langues.
1001 histoires et langues du monde est un programme qui œuvre dans le même sens , les objectifs figurant sur la page d’accueil du site sont nombreux :
- « Favoriser l’éveil à la langue première et stimuler l’imaginaire
- Encourager l’intégration en offrant aux enfants de bonnes bases dans leur langue d’origine pour faciliter leur accès au français
- Renforcer le lien parent-enfant
- Soutenir les parents dans leur rôle
- Permettre d’initier des solidarités inter-familiales »
Les actions de promotion de la lecture par l’ISJM sont nombreuses et variées : nous avons fait des choix inspirants pour les professeurs-documentalistes. Ci-dessous, nous vous proposons en images d’autres pistes, avec l’aimable autorisation de Ricochet.
Nous remercions toute l’équipe de Ricochet pour son accueil et son enthousiasme à partager les nombreuses actions qu’ils mettent en place en faveur de la lecture et de la littérature jeunesse. Nous repartons riches de leurs idées.
Article rédigé à quatre mains par Vanessa Sordet (collège Lucie Aubrac de Doubs) et Valérie Liger (lycée professionnel Toussaint Louverture de Pontarlier)