Jacoutot - Tagul.comFormer les élèves à la recherche d’information pose questions : quelles sont les pratiques des élèves et celles des enseignants ? que disent les chercheurs en Sciences de l’information et de la communication ? Comment traduire ces préoccupations en séances pédagogiques ?

Constat général : une aisance opératoire des élèves sans conceptualisation.

Qui voudrait apprendre, aujourd’hui, dans les bibliothèques exclusivement ?Trois territoires se distinguent sur le Web, chacun disposant de caractéristiques et de fonctions propres.

  • web documentaire -> les bibliothèques
  • web informationnel -> les kiosques à journaux
  • web social -> tous les autres espaces de dialogue et de circulation de l’information.
  • Les adolescents sont particulièrement tournés vers les usages communicationnels et ludiques, ils sont les plus connectés (82%, suivis de près par les 18-24 ans, un taux qui chute après 25 ans à 59%). Il est nécessaire de prendre en compte le rôle majeur des outils numériques dans la sociabilité adolescente, d’autant plus que ceux-ci sont souvent persuadés de leurs compétences.

  • La relation prise comme valeur en soi, devient un élément important de la construction de repères et de marqueurs identitaires (communauté d’appartenance) qui fonctionnent à la fois comme élément de rattachement et de différenciation. Puisque ces générations vivent sur un mode relationnel et non plus statutaire, l’argument de la position (sachant/apprenant) ne suffit plus à légitimer ni à fonder l’hégémonie du discours institutionnel.

  • Du côté de l’école : les choses sont différentes. Ce que François Dubet appelle « la crise du programme institutionnel de l’école » peut s’interpréter sur les trois registres : crise des mécanismes de la transmission, des statuts des transmetteurs et des contenus.
    Les mécanismes traditionnels de transmission sont concurrencés par l’irruption de nouveaux modes d’accès au savoir (wiki, moteurs de recherche, etc.) ; ce n’est pas seulement parce qu’elle n’a plus le monopole du savoir ni même que le savoir ne semble plus être le passage obligé pour réussir sa vie, mais également parce que ses modes d’intervention semblent de moins en moins en phase avec les compétences et attentes des jeunes générations.

Retour sur les tentatives de conceptualisation de la recherche d’information

  • Selon l’ADBS, association des professionnels de l’information et de la documentation, la recherche d’information est un « ensemble des méthodes, procédures et techniques permettant, en fonction de critères de recherche propres à l’usager, de sélectionner l’information dans un ou plusieurs fonds de documents plus ou moins structurés ».
  • Toujours selon l’ADBS, la recherche documentaire correspond à « l’ensemble des méthodes, procédures et techniques ayant pour objet de retrouver des références de documents pertinents (répondant à une demande d’information) et les documents eux-mêmes ». La recherche documentaire est donc une composante particulière de la recherche d’information.

 

  • La partie introductive du « Référentiel de compétences élèves » de la FABEN paru en 1997 précise que :
« Quelle que soit l’activité d’information, quel que soit le niveau de l’usager, les compétences documentaires mises en œuvre sont identiques. Seul le niveau de maîtrise varie et doit s’accroître en fonction des pratiques successives. »
  • Les référentiels de compétences documentaires formalisant les étapes de la recherche documentaire semblent être aujourd’hui désuets, selon Anne Cordier, enseignante documentaliste et attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université de Rouen. Au vue des avancées des SIC et des pratiques informationnelles actuelles, il s’avère que l’introduction du référentiel pourrait rester vrai pour la recherche documentaire mais pas pour la recherche d’information, de surcroît lorsque celle-ci à pour fonds documentaire Internet.
  • Nous serions passer d’une recherche 1.0 sous forme d’étapes (référentiels de compétences) à une recherche d’information 2.0 plutôt « spiralaire » (B2i) à une recherche 3.0, alimentée par une veille professionnelle active.
  • Au niveau des pratiques qui émanent de la sphère personnelle des élèves et des préconisations formelles des enseignants documentalistes, la recherche actuelle nous invite à faire preuve de prudence et de réflexion quant à la pédagogie documentaire :
« Toutefois, le professionnel ne peut favoriser une réelle émancipation de l’usager sans s’appuyer sur les pratiques informationnelles non formelles et les connaissances médiatiques déjà élaborées. Loin de constituer des concurrences à ses pratiques plus formelles, loin de remettre en cause son expertise professionnelle, ces démarches ordinaires, connues du professionnel, grâce à une approche écologique des pratiques informationnelles, constituent pour lui un levier pour qu’il puisse faire œuvre avec efficacité de médiation documentaire. » Anne cordier

L’avenir de la médiation documentaire semble aujourd’hui passer par une forte appropriation du web 2.0 et des réseaux sociaux par les professionnels de l’information-documentation. Leur expertise dans ces domaines serait un gage de forte valeur ajoutée et permettrait de répondre aux enjeux éducatifs et informationnels contemporains :

  • explication du fonctionnement des outils que les élèves utilisent de manière intuitive et qu’ils croient connaître.
  • professionnalisation des stratégies de recherche des élèves.
  • reconnaissance par l’institution des pratiques informelles des élèves

 

Oui, mais dans la pratique…
  • « les étapes de la recherche d’information » ne sont plus plaquées sur toute recherche des élèves de la sixième à la terminale
  • aborder la question des notions à faire acquérir aux élèves en fonction de certains pré-requis cognitifs et informationnels. On ne peut aborder les notions de gisement documentaire corrélée au besoin d’information avec des élèves de sixième.
  • plus que des outils et des procédures c’est une culture documentaire et informationnelle qui est à didactiser
  • être soi-même un veilleur actif pour être vecteur de cette pratique auprès des élèves.

Au vue de ces éléments, il apparaît que la conceptualisation de la recherche d’information est un exercice éminemment complexe, parce qu’il existe autant de stratégies de recherche que d’individus.

Comme le souligne Alexandre Serre, à trop centrer la pédagogie documentaire sur des apprentissages procéduraux (eSidoc, classification, mots-clés, bibliographie…) peut-être passe-t-on à côté de contenus pédagogiques plus généraux qui nourrissent la culture informationnelle autant de l’élève qui se dirige en CAP que de celui qui entreprendrait une licence d’histoire.

Pour plus d’information :

La Recherche d’information en évolution

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