Avec le déconfinement et ses règles sanitaires, il peut être difficile d’assurer une organisation pédagogique sur le long terme, qui laisse la part belle au travail de groupe ou à la manipulation de ressources multimédia. Aussi, ces 5 activités sont proposées aux élèves collégiens. Elles favorisent surtout la discussion et le débat. Leur but est de faire émerger un questionnement et un regard critique sur l’actualité et les infox générées pendant le confinement et après, mais aussi réfléchir à leur propre rapport aux informations, en décrypant des discours “surprenants” qui intègrent des argumentations “fallacieuses”, ou jouent sur nos penchants cognitifs.

Les recherches et la validation de l’information sont souvent abordées par les professeurs-documentalistes à la lumière de leurs disciplines de référence (sciences de l’information). Il en ressort des méthodologies afin de vérifier l’information par une suite d’étapes ou de points de vigilance. Mais les sciences de l’éducation qui traitent de l’esprit critique, les sciences cognitives, ainsi que les démarches scientifiques, nous apportent un éclairage supplémentaire qui peut nourrir ces compétences informationnelles : elles montrent que vérifier une information, passe aussi, par une analyse de notre rapport parfois non-conscientisé à l’information.

 

En commençant par le fonctionnement de notre cerveau : nous avons des opérations rapides qui nous aident à agir vite dans bien des cas, mais qui peuvent avoir une incidence sur notre rapport à l’information, en fonction des données en notre possession. Ce qui se retrouve dans nos activités en ligne Internet (biais de confirmation : nous pouvons avoir tendance à sélectionner les données, arguments, sources, qui confortent nos a priori). Ces distorsions peuvent aller de pair avec des discours qui manient des argumentaires, selon des intentions variées, afin de nous convaincre (publicités, théories du complot, pseudosciences, etc).

Ce support est un outil destiné à la discussion et au débat, dans une salle de classe, avec des élèves devant rester statiques. Le recours aux supports vidéo (notamment des youtubeurs scientifiques ou liés à l’esprit critique) est privilégié, faute de pouvoir mettre les élèves en phase réellement active et collaborative. Ces 5 activités s’appuyaient sur des travaux issus de la zététique (des communautés réfléchissant à des outils critiques issus des sciences, de l’argumentation, de l’épistémologie,  afin de promouvoir une émancipation vers un un meilleur accès aux connaissances). Celle-ci n’est pas synonyme de méthode(s) scientifique(s) et de nombreuses critiques peuvent permettre de ne pas se figer sur elle (par exemple, on peut critiquer le fait de faire la chasse aux biais chez autrui, de vouloir disqualifier d’emblée un discours parce qu’il utiliserait un argument non valide alors qu’il faudrait voir l’ensemble de l’argumentaire, ou d’appliquer des préceptes qui marcheraient à tous les coups). Des initiatives inspirantes telles que Cortecs.org et Céline Montet (professeure-documentaliste) ont déjà été mises en place pour certaines activités d’esprit critique. Nous les remercions infiniment.

Les activités ont été testées en 6e, 5e et 4e.

MENU :
1. Une épidémie de fausses-infos !
Objectif : Se questionner (sans prescrire ce qui est faux, ce qui est vrai!) sur la véracité d’un ensemble d’informations liées au COVID-19. Adopter des réflexes afin de vérifier l’information
2. Mon cerveau me trompe-t-il face à l’info?
Objectif : Se questionner sur “pourquoi on pense ce qu’on pense”. Comprendre qu’avant de vérifier une information, on peut se demander pourquoi notre cerveau y croit. Découvrir comment notre cerveau peut “filtrer” notre rapport à l’information (illusions, souvenirs déformés, intuitions précipitées, paréidolies, biais de raisonnement, dissonance cognitive). Les élèves éprouvent, par des exemples simples, certains biais (effet Barnum, biais d’ancrage, biais mnésiques) du quotidien, qui sont parfois présents dans les phénomènes conspirationnistes ou pseudo-scientifiques (voyance, astrologie). Attention : il faut sortir de l’image d’un cerveau irrationnel, dans bien des cas, nos raccourcis cognitifs nous aident en fonction de notre temps et des données que nous avons. Il s’agit de réfléchir à notre raisonnement !).
Cette activité permet d’introduire un travail sur les fausses-corrélations, ou sur les bulles de filtres (rien n’étant figé, la notion de bulle de filtre reste contestée : il peut être bon de vouloir se créer un espace avec des personnes qui partagent nos points de vue, tout dépend du contexte!).
3. Des faits extraordinaires réclament des preuves extraordinaires.
Objectif : Observer comment des mécanismes du cerveau (activité 2) sont utilisés dans les phénomènes “extra-ordinaires” ou présentés comme paranormaux. Utiliser le doute et la discussion argumentée face à des phénomènes qui réclament des preuves solides. Les élèves découvrent également comment des biais de mémoire, de raisonnement ou de l’attention, sont utilisés dans les spectacles de magie ou de mentalisme.
4. Savoir déjouer les arguments invalides dans les discussions et les sources d’infos!
Objectif : Reconnaître des artifices argumentatifs qui se glissent dans les discours et les débats de tous les jours. Par des exemples simples (publicité, phrases-types, argumentaires du quotidien), les élèves découvrent des éléments afin de ne pas se faire manipuler ou induire en erreur face à l’information. Il peut s’agir de sophismes (arguments non valide utilisé volontairement) ou des paralogismes (erreur de raisonnement) : dans tous les cas, aucun argument n’est mauvais en soi ! Il peut-être normal de chercher les meilleurs arguments pour justifier notre position. Tout dépend du contexte (exemple : l’argument d’autorité est plutôt valide si je dis que “mon médecin m’a conseillé ce médicament alors je vais le prendre” – il incite à la méfiance s’il s’agit d’un produit marketing qui parle d’une validation par des “experts” ou une célèbrité sans trop s’étendre sur le sujet). Il s’agit de bien comprendre l’intention derrière un discours, l’implicite, de cerner l’argumentaire dans son ensemble!
5. Savoir “disséquer” une théorie du complot !
Objectif : Disséquer les arguments d’une théorie du complot. Se méfier d’une théorie qui enchaîne les arguments et les met en relation sans rapport entre eux. Cette activité est basée sur le principe du mille-feuille argumentatif (empiler des arguments faibles, certains vrais, d’autres faux, pour donner une impression de force à un discours).

SOURCES:

Ressources scientifiques.
Chaînes Youtube :
Ressources pédagogiques inspirantes :
  • FLEURY Amélie. BROUSTAIL Marie. Webinaire du 27 mai 2020. “L’infodémie: apprendre à évaluer une information scientifique”. CLEMI
  • CAROTI Denis. Esprit critique au collège : repérer les arguments fallacieux avec Céline Montet. https://cortecs.org/
  • LYCEE M. VIONNET.  La véritable identité des chats.
Déconfiner son esprit critique : 5 activités ponctuelles en collège

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