Profs docs de l’espace ! #4 « Place du corps au lycée ! » Un projet pour faire évoluer les espaces
Réfléchir à l’évolution des espaces, c’est bien. En impliquant les élèves et l’ensemble de la communauté éducative, c’est mieux. Comment faire en pratique ? Pourquoi ne pas utiliser le design thinking ? Un exemple en lycée.
Une série d’articles écrite avec la participation de Christophe Coquet, Marion Uteza et Carole Zaccardelli
LA DÉMARCHE DU PROJET. POURQUOI PAS LE DESIGNTHINKING ?
Le design thinking est « une démarche de gestion de projet qui permet d’apporter des solutions pertinentes à une problématique en partant de l’écoute des besoins des personnes concernées »
Elle se déroule en 3 étapes :
- Inspiration : s’inspirer de projets existants, réaliser un diagnostic et définir des axes de travail
- Idéation : imaginer des idées nouvelles qui s’appuient sur la pratique
- Implémentation et itération : donner une forme concrète aux idées (prototypes), tester les idées validées et introduire des réaménagements
La démarche de design thinking, pensée d’abord pour le marketing, a été adoptée et adaptée par le monde de la culture (Museomix et Biblioremix dans les musées et les médiathèques, par exemple) puis par les professeurs documentalistes.
Dans le cas d’un établissement scolaire , le design thinking présente plusieurs avantages :
- impliquer les usagers eux-même dans la conception des aménagements favorise leur appropriation et prise en compte de leurs besoins et usages réels.
- Il permet une formation des élèves à une démarche de projet aboutissant à des résultats concrets et donnant toute sa place à l’écoute, la responsabilisation et la prise de décision collective.
- Il permet d’associer des participants aux différentes casquettes autour d’un même objectif : élèves, professeurs, agents, administration et “experts” extérieurs à l’établissement.
- En intégrant une phase de test des installations, il permet à moindre coût de mettre à l’épreuve des solutions à base de réemploi avant d’envisager des investissements plus lourds.
Pour aller plus loin : Innover à plusieurs, Manuel pour les acteurs de l’Education. Synlab, 2019
UN EXEMPLE D’EXPÉRIENCE EN LYCÉE
Nous avons mené sur l’année 2021-2022 un projet de sur les espaces en lycée “ Place du corps. Réflexion sur les espaces de circulation au lycée”
Le projet a été conçu par une professeure documentaliste, les professeurs d’arts plastiques et les référents Vie lycéenne et Internat.
Il a concerné plus particulièrement les étudiants de DNMADE Design d’objet 2è année et les élèves de première et terminale en option Arts plastiques. Mais il a permis d’associer les élèves du CVL-MDL, les éco-délégués et les internes et d’impliquer l’ensemble des jeunes usagers du lycée(questionnaire et phase de test).
Il a été construit avec les CAUE du Doubs et du Jura qui ont mis l’établissement en contact avec Anna Otz, architecte DPLG et membre du collectif Hôp hop hop. Le projet a été financé par la Région Bourgogne Franche-Comté dans le cadre du dispositif “Architecture et patrimoine. Regards de lycéens et apprentis” (c.f. Article « Profs Docs de l’espace #3 ».
QUEL BILAN ? QUEL INTÉRÊT POUR LE PROFESSEUR DOCUMENTALISTE ?
- visibilité du rôle du professeure documentaliste dans l’élaboration de projets au lycée
- effets immédiats : appropriation de nouveaux espaces dans le lycée par les élèves
- clarification de la fonction du CDI, comportements plus adaptés des élèves tout en gardant une fréquentation importante et une diversité de publics.
- prise de conscience dans la communauté éducative des pistes d’amélioration de l’occupation des espaces par les élèves (la prise de conscience du problème était là, depuis longtemps)
- renforcement des liens avec des partenaires dans le lycée, qui laisse augurer de projets futurs (internet, CVL, MDL, Post-bac, arts plastiques…)
Notre série d’articles n’a pas pour objectif de défendre l’idée que le professeur- documentaliste doit être de tous les projets de refonte des espaces scolaires (cela n’aurait pas de sens et la profession ne souhaite certainement pas se voir attribuer une nouvelle mission de super conseiller aux espaces scolaires…), mais qu’il peut l’être, parce que ses missions, son positionnement, sa capacité à accompagner et même devancer les évolutions passées des CDI (diversification des supports, arrivée massive de l’informatique puis du numérique) lui donnent la légitimité pour le faire.
Cette légitimité nous est donnée en partie par les trois missions inscrites dans la circulaire qui régit notre métier ; être maître d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias nous oblige à penser (et repenser ?) notre posture d’enseignant. Organiser les ressources documentaires de l’établissement et leur mise à disposition nous conduit naturellement à réfléchir aux espaces, physiques et numériques d’accès à l’information. Enfin être acteur de l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif culturel et professionnel fait de nous un médiateur apte à intégrer dans l’organisation des espaces scolaires ce que le monde extérieur en attend, et ce que nos élèves doivent être préparés à y trouver.
Ainsi, s’impliquer à quelque niveau que ce soit dans un projet autour des espaces scolaires peut nous permettre de donner une lisibilité, sinon une reconnaissance, de l’amplitude de nos missions.
Concernant les projets eux-mêmes, toute démarche doit être évaluée dans un processus itératif (l’itération est d’ailleurs intégrée dans la démarche de designthinking) permettant d’ajuster les réalisations à leurs objectifs de départ. C’est à prévoir, et c’est positif puisque ces rendez-vous réguliers d’évaluation vont permettre d’adapter, sinon en continu au moins aussi souvent que possible, les lieux aux besoins et pratiques des usagers qui ne s’arrêteront pas d’évoluer !
Illustrations : Irene Falgueras / /Doodle Ipsum https://doodleipsum.com/
Retourner aux articles précédents :
1/4 : L’évolution des espaces, un chantier pour les professeurs documentalistes
2/4 : L’évolution des espaces, un projet pour et avec les élèves
3/4 : Un projet ouvert sur l’extérieur : les partenaires hors établissement